Michel Parker qui, après avoir travaillé avec Richard Slama, suit BBS Slama depuis sa création, livre ses réflexions sur la thermique du bâtiment, notamment sur les façades vitrées.
La thermique du bâtiment et ses réactions aux conditions extérieures de températures et ensoleillement est un sujet complexe. Les façades vitrées à 95%, notamment, posent question : comment les conditions règlementaires (Bbio et CeP) peuvent-elles être satisfaites avec si peu de structure lourde et autant de vitrages ?
En effet :
- Les coefficients U des matériaux verriers les plus performants sont 5 fois plus mauvais que les U d’une paroi opaque bien isolée, donc 1 m² de vitrage avec un U de 1, va nécessiter 25W de puissance « chaud » en hiver contre 5W pour la même surface de béton. On négligera les apports gratuits en hiver. En été, 1 m² de vitrage va nécessiter environ 200 W de puissance frigorifique pour combattre les apports externes, alors que 1 m² de surface opaque n’aura besoin que de 20 W.
- L’inertie, c’est-à-dire la capacité de « stockage » d’énergie des matériaux verriers est quasi nulle par rapport aux matériaux « lourds », béton, maçonneries de parpaings ou de briques, et de pierres calcaires, ou même de bois. Cette notion est primordiale dans l’appréciation du confort intérieur dans les locaux, critique aux intersaisons.
- « L’énergie grise », c’est à dire la quantité d’énergie nécessaire pour la production et le recyclage des matériaux « verriers » et d’habillages de façade de type « aluminium » est 10 fois supérieure à celle nécessaire pour la fabrication des matériaux opaques lourds type bétons briques, bois…
- Sur le plan « résistance des matériaux », la qualité du béton est sans comparaison avec celle du verre.
Concernant la RE2020, les bilans thermiques de bâtiments moins vitrés auront tout à y gagner, et ce avec les avantages suivants :
- Réduction des bilans thermiques aussi bien en chaud que en froid, donc moins de puissances installées, sur les productions et émissions (appareils terminaux dans les locaux), et surtout diminution des consommations d’énergie annuelles. Ceci a son importance notamment pour les bâtiments à énergie positive qui nécessitent de travailler considérablement l’architecture et les systèmes thermiques. A titre indicatif, les études statistiques, sur les 5 ou 6 dernières années, donc après l’application de RT2012, montrent que la consommation moyenne en énergie primaire pour des bâtiments tertiaires est de l’ordre de 420 kWh Ep/m² par an, l’énergie finale se situant vers 120/130 kWhEp/m² par an. On est loin d’un CeP de 0.
- Amélioration notoire du « confort intérieur », aussi bien en été qu’en hiver, et ce en raison de l’inertie thermique des matériaux lourds qui seront utilisés. Cette inertie a également un rôle non négligeable sur les bilans de consommations d’énergie,
- Amélioration notoire du bilan carbone du bâtiment, ainsi que de sa qualité structurelle
- Diminution des émissions de gaz à effet de serre grâce aux réductions de quantité de HFC ou CFC dans les machines frigorifiques, et peut-être le retour de l’utilisation de machines à absorption.
Si l’intérêt de réduire les surfaces vitrées des bâtiments parait évident, cette disposition n’est pas encore partagée par les Architectes. Le travail du thermicien deviendra par conséquent de plus en plus important, afin d’optimiser les résultats en trouvant des formes et matériaux qui conviendront à tous les acteurs de la construction.