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Le BIM en pratique chez VINCI Construction

Entretien avec Jean-Baptiste Valette, chef de service Ingénierie Modélisation des Projets au département Structure Ingénierie et Innovation chez VINCI Construction France.

dsc_2168Lorsque vous travaillez avec des partenaires, architectes ou bureaux d’études qui ont déjà réalisé une maquette numérique, est ce que celle-ci sert de base pour votre maquette numérique ou est-ce que vous créez votre propre maquette ? 

Cela dépend. Le problème est qu’aucun lien contractuel n’unit les différentes parties prenantes d’un projet en BIM dans les cadres contractuels classiques. La qualité du modèle n’est donc pas maîtrisable et souvent les modèles qui nous parviennent ne correspondent pas à nos règles de modélisation, de codification et de paramétrisation. Ils sont en outre souvent non accompagnés de leur documentation (convention BIM mais aussi règles de modélisation et de nommage/codification).

Enfin, les modèles architectes sont des œuvres sur lesquels nous n’avons aucun droit de licence sauf si le contrat de la maîtrise d’œuvre le spécifie, or nous n’en avons jamais connaissance. En clair, nous n’avons pas le droit de les exploiter ou de les modifier. En cas de groupement de conception construction ou plus, il appartient au mandataire du groupement de mettre en place les clauses contractuelles adéquates en termes de droits et de devoirs concernant la production intellectuelle de chacun.

Ceci dit, remodéliser une opération est un travail qui prend un peu de temps mais qui est positive pour le chantier car cela pousse à repenser le projet et à en faire une relecture complète. Cela permet au passage à l’ingénieur de connaître son projet sur le bout des doigts.

Quels sont les critères qui vous pousseraient à ressaisir une maquette, plutôt qu’à la mettre à jour ?

Nous créons une nouvelle maquette dans plusieurs cas : lorsque nous n’avons pas d’information sur les droits de licence du modèle, si la qualité de la modélisation n’est pas au rendez-vous, si les règles de modélisation sont trop écartées des nôtres, et souvent si le modèle est en IFC car il faut corriger et enrichir le résultat de l’import.

Par ailleurs, comme je l’ai dit, remodéliser permet d’apprendre et d’auditer très profondément le dossier marché.

Est-ce que cette maquette numérique est donnée au maître d’ouvrage dans le dossier des ouvrages exécutés (DOE) ? Si oui, que contient-elle ?

Si le maître d’ouvrage la demande dans ses pièces marché, nous lui donnons en effet la maquette à la livraison du bâtiment. Elle contient alors ce qu’il a spécifié dans le contrat. Par défaut, il y a les objets représentatifs de tous les corps d’état avec au moins les informations de dimensions, volume, masse, matériaux, fabricants, références, lien vers fiche produit et code de DPGF (Décomposition du Prix Global et Forfaitaire).

Est-ce que vous réalisez tous les calculs à partir de la maquette numérique, y compris les calculs de structure, d’électricité, les calculs thermiques réglementaires et les simulations thermiques, ou est-ce qu’une partie est faite à part ? Pourquoi ?

Pour des questions d’organisation des calculs et de niveau de détail de la modélisation, le calcul n’est le plus souvent pas lié à la maquette. Un modèle de calcul est toujours une version déformée et simplifiée de la réalité physique construite.

On réalise très souvent les calculs avant d’avoir le moindre modèle BIM, soit par ce que l’on n’a rien dans le DCE en termes de BIM, soit parce que le modèle reçu n’est pas d’une qualité suffisante.

Enfin pour des questions de responsabilité décennale par exemple, un BE Structure doit forcément créer son modèle de calcul à la main.

Quels sont les outils intégrés dans la maquette que vous utilisez ?

Nous utilisons des outils de calepinage automatique, de renseignement semi-automatique de paramètres, de suivi des modifications et d’analyse de collision.