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Photo Frédéric Deneux Directeur CRAIG

“Nous espérons que cette expérimentation va faire boule de neige et pousser plus de collectivités à passer le pas.”

Frédéric DeneuxDirecteur du CRAIG - Centre Régional Auvergne-Rhône-Alpes de l’Information Géographique

Avec le réchauffement climatique, les villes connaissent de plus en plus de phénomènes d’îlots de chaleur. Pour mieux en comprendre les ressorts et donner des clés aux collectivités pour les atténuer, le Centre Régional Auvergne-Rhône-Alpes de l’Information Géographique (CRAIG) a réalisé une cartographie des îlots de chaleur et de fraîcheur de Clermont-Ferrand, grâce à un capteur thermique embarqué à bord d’un avion. Entretien avec Frédéric Deneux, directeur du centre.

Pouvez-vous nous présenter le CRAIG ?

Le Craig est un groupement d’intérêt public chargé de collecter et fournir des données cartographiques à l’ensemble des organismes publics de la région AURA. Certaines de nos données sont gratuites, d’autres vendues sous forme d’abonnement.

Le centre est financé par la Région, les départements, métropoles, agglomérations d’AURA et par l’Institut Géographique National (IGN), mais aussi grâce à des partenariats noués avec des acteurs comme Enedis ou GRDF qui ont besoin de fonds de plans de haute précision pour localiser les réseaux enterrés par exemple. Pour certains dossiers, nous avons également un cofinancement avec des fonds européens comme le Feder. Notre budget est de 2,5 millions d’euros par an.

Pourquoi avoir réalisé ce travail de thermographie estivale sur Clermont-Ferrand ?

Il s’agit non pas d’une commande de la municipalité mais d’une initiative du Craig, financée sur fonds propres. Il nous a paru intéressant d’expérimenter une thermographie aérienne à l’échelle d’une ville pour montrer aux collectivités l’intérêt de ces données et les pousser à s’emparer du problème des îlots de chaleur en ville.

Nous avons choisi Clermont-Ferrand parce qu’historiquement nous sommes basés ici et parce qu’il peut y faire très chaud l’été. La ville est une cuvette, comme Lyon ou Grenoble.

Quelle a été la méthode employée ?

L’acquisition des données s’est faite grâce à un capteur thermique embarqué à bord d’un avion, qui mesure la température au sol dans le domaine de l’infrarouge. La technologie n’est pas innovante – elle est souvent utilisée pour étudier la déperdition de chaleur à l’échelle d’un bâtiment par exemple – mais son utilisation pour identifier des îlots de chaleur à l’échelle d’un territoire est plus expérimentale.

La thermographie devait se dérouler lors d’une canicule et en deux temps. Un premier vol à 17h au moment où le sol a capté un maximum de chaleur, et un second le lendemain à 5h du matin pour voir à quelle vitesse chacune des surfaces refroidit. Mais l’été dernier il n’y a pas eu de canicule. Nous avons décidé de réaliser quand même l’expérimentation, durant une vague de chaleur, mi-août. Et le vol de 5h du matin n’a pas pu se faire en raison de problèmes météorologiques. Il sera effectué cet été dans des conditions similaires pour pouvoir comparer les données de 17h et de 5h du matin.

Qu’a relevé l’expérimentation ?

Nous ne faisons pas l’analyse des données car nous ne savons pas quel matériau est utilisé à quel endroit par exemple. La ville fait partie de nos partenaires donc nous avons informé les services de notre travail puis nous avons présenté les résultats à Clermont Auvergne Métropole qui s’est montrée très intéressée et va réaliser l’analyse. Mais la thermographie réalisée montre clairement par exemple que les terrains de sport synthétiques créent des îlots de chaleur importants par rapport à des terrains végétalisés. C’est un des points qui questionnait beaucoup la métropole. S’il est connu que les couleurs sombres sont à bannir, il est également intéressant de constater que les différents types d’enrobés n’attirent pas la chaleur de la même façon.

L’expérimentation prouve aussi que les fontaines, les brumisateurs, la Tiretaine quand elle affleure… abaissent nettement la température au sol et que les canyons urbains, comme les rues étroites de Montferrand, créent de réels couloirs de fraîcheur. Ces informations peuvent être utiles pour adapter l’espace urbain et pour créer des itinéraires fraîcheur en ville par exemple.

Quelle est la différence de température entre îlots de chaleur et îlots de fraîcheur ?

Les températures constatées vont du simple au double, voire plus. A certains endroits, la surface est en dessous de 20°C ; elle monte à d’autres à plus de 50°C. Le bac acier noir en toiture atteint des températures très élevées par exemple.

Est-ce que ce travail va être réalisé sur d’autres villes ?

Oui, devant l’intérêt des données récoltées, Clermont Auvergne Métropole nous a commandé une thermographie estivale de la ville de Cournon. Puis Saint-Etienne nous a également demandé de réaliser ce travail. Pour économiser de l’argent et du carburant, nous allons faire un seul et même marché avec le prestataire choisi. C’est le même avion qui fera les deux thermographies. Nous espérons que cette expérimentation va faire boule de neige et pousser plus de collectivités à passer le pas.

En savoir plus

Les données en open data : Data Hub – Thermographie 1 m – Clermont-Ferrand – été 2024
Accès rapide à la donnée : Thermographie Clermont-Ferrand 2024

Afin de faciliter la saisie des données administratives, ClimaWin se dote d’une interface d’aide à la saisie des données géographiques. Retrouvez dans une interface unifiée et graphique la recherche des différents identifiants du projet: Base Adresse Nationale (BAN), Référentiel National des Bâtiments (RNB) et cadastre. La géolocalisation du projet permet également de récupérer son altitude précise, qui pourra ensuite être réutilisée dans le catalogue des sites.

Cette interface est le premier pas vers une intégration progressive des données de l’environnement géographique du projet, en s’appuyant sur les différentes API et OpenData proposés par les services de l’État, mais également par l’IGN.

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